Un projet clown : Les Facéties de Sésame

Il y a quelqu’un là-dedans » affirme Howard Buten, alias le clown Buffo, dans son livre inspiré de son expérience avec les autistes. La question peut se poser, en effet, lorsque l’on croise le regard de ces êtres étranges, aux regards évanescents et aux réactions imprévisibles. Derrière leurs yeux parfois, on croirait voir un champ de blé, un désert, l’océan.
Les personnes accueillies dans les institutions où est né le projet participatif Les Facéties de Sésame sont autistes et dotées d’un retard mental important. Elles sont affectées dans leur faculté symbolique, qui est nécessaire à la compréhension du langage et… à la pratique du théâtre. Dans ce cadre, la question déontologique se pose. Notre démarche d’artiste a une dimension thérapeutique : nous visons l’amélioration des interactions sociales, la prise d’initiative, le choix, l’épanouissement évidemment. Parvenir à un résultat fini sur le plan artistique n’est pas une priorité. Il s’agit plutôt de stimuler, surprendre, inviter au jeu créatif, en restant toujours attentif au degré de compréhension qu’à l’autre de l’expérience vécue. Dans certains cas, présenter un spectacle à un public peut s’avérer un projet éducatif pertinent.
De 2013 à 2015, Aurélie MEST, metteuse en scène de la compagnie, est intervenue auprès des résidents du foyer Espace Sésame (SAGEP Chelles, 77) avec la technique du clown. Un spectacle est né, dont chaque représentation a été l’occasion d’un échange très fort avec le public. Le projet a par la suite été conduit au sein de la MAS de Bobigny, dans la même association.
En 2019, nous avons décidé de reprendre ce projet clown auprès d’un nouveau public (handicap mental sans autisme associé) et avec deux nouveaux partenaires : le Foyer La Maison de Corberon (asso ADAPEI, 77), et l’association AGCPRH (Foyer de vie de Bussy-Saint-George et FAM la Coudraie de Pomponne, 77).
Retrouvez ci-dessous la présentation du premier spectacle Les Facéties de Sésame : l’épisode 1 :).
Le théâtre est l’art du faire semblant. Il exploite cette faculté, généralement affectée chez les personnes atteintes d’autisme, qu’on appelle faculté symbolique.
Les personnes qui jouent ce spectacle parlent peu ; elles ont néanmoins, chacune à sa façon, un sens de l’humour. Il nous semble qu’elpour siteles ont conscience de la notion de spectacle, qu’elles ont envie de faire rire l’autre et d’être fières.
Nous avons imaginé pour eux un spectacle qui leur ressemble et leur appartienne. Les personnalités de ces clowns sont proches des leurs, mais le personnage a des « missions » qu’ils s’efforcent de conduire avec le plus d’autonomie possible sur la scène.
Sur la scène ils ne sont pas seuls ; nous les y accompagnons et nous jouons avec eux – travail d’équilibriste entre l’interprétation personnelle et le « guidage » de l’autre, qui demande une grande part d’improvisation.
Que restera-t-il de ce travail le jour de la première ? Qui sera mal luné ? Qui refusera de faire ? Ce que nous savons de cette première, c’est qu’elle sera différente de la deuxième – qui elle-même sera différente de la troisième… C’est le principe du spectacle vivant ! Quoiqu’il en soit, le clown – c’est là sa grande force – s’adapte aux imprévus…

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